«Je l’ai côtoyé étudiant, quand je fréquentais le milieu du cinéma. Pour moi c’était notre grand cinéaste national, qui avait commencé dans les années 30, avec Douro (1931), un film sublime. A l’époque je ne pensais pas devenir un jour producteur. Bien après, je possédais une salle de cinéma à Paris, quand Manoel venait de faire Amour de perdition (1979), que je n’ai pas produit, contrairement à ce que l’on croit. Le film, conçu pour la télévision, avait été massacré au Portugal par la critique. Pour moi, c’était un chef d’œuvre, et j’ai décidé de le distribuer en France, où il a été bien reçu, notamment par Serge Daney. Il m’a ensuite invité à produire ses films. J’étais surpris, c’était incroyable : j’avais 30 ans, je ne connaissais rien à la production. S’en sont suivies 25 ans de vie ensemble, presque tous les jours. Je lui dois tout. Chaque film était une aventure en soi. Avec lui, on allait de surprise en surprise : lire le scénario est une chose, ensuite ce qui se passait à l’écran et sur le tournage constituait toujours une prise de risque. J’ai essayé de faire en sorte de concrétiser les projets qu’il avait en tête et de m’occuper de la diffusion internationale, de 1979 à 2004. Francisca a marqué le début de la collaboration française à ses productions : ensuite, il a choisi d’adapter Le soulier de satin en pleine euphorie socialiste... ! A la veille de son 100ème anniversaire, je me suis dit que j’avais fait tout ce que j’avais à faire avec lui. Sa famille a pris de plus en plus d’importance, j’ai donc préféré m’éloigner, sans conflit.
Liberation, France.
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